Le 11 mai 2023, le Groupe Suisse de Recherche Clinique sur le Cancer (SAKK) a décerné le SAKK Network Trial Award à la jeune chercheuse Noémie Lang. C’est la première fois que ce prix doté d’une bourse considérable est attribué – le montant d’un million de CHF est essentiel pour la recherche clinique en oncologie en Suisse. Il récompense une jeune médecin de Suisse romande qui s’est imposée grâce à son engagement extraordinaire en recherche oncologique en plus d’un quotidien exigeant en clinique.
Le groupe de recherche du SAKK formé autour de Noémie Lang s’intéresse à un type particulier de cancer du sang, les lymphomes agressifs. Une complication possible de ces cancers est la propagation des cellules tumorales dans le cerveau. Même si cela se produit rarement, une telle occurrence signe souvent l’arrêt de mort des patientes et patients. L’espérance de vie moyenne est réduite à quelques mois, notamment parce qu’il est difficile de localiser les cellules cancéreuses dans le cerveau. Les méthodes utilisées jusqu’à présent permettent d’identifier moins de la moitié des patientes et patients présentant cette complication, ce qui est fatal pour le traitement.
L’étude clinique récompensée par le SAKK Network Trial Award examine à présent si l’on peut déceler la propagation des cellules tumorales dans le cerveau de façon plus sûre et plus précoce en mettant en évidence l’information génétique de la tumeur dans le liquide céphalorachidien. Au cours du traitement anticancéreux, il est standard de prélever un échantillon de liquide céphalorachidien. Le nouveau projet de recherche prévoit un examen ciblé de cet échantillon afin de détecter l’ADN tumoral. Si les cellules tumorales ont infiltré le cerveau, elles sont détectées par l’équipe de recherche et les patientes et patients peuvent immédiatement commencer le traitement adjuvant – plus rapidement que par le passé et donc avec plus de chances de succès. Si l’on ne détecte pas d’ADN tumoral dans le liquide céphalorachidien, les patientes et patients continuent le traitement standard et n’ont pas à souffrir des effets secondaires du traitement adjuvant qui est inutile dans leur cas. Grâce à cette distinction réalisée de manière plus précoce et plus sûre, les malades recevront tous à l’avenir le traitement précis dont ils et elles ont besoin – ce qui est l’objectif de l’équipe de recherche.
Pour Noémie Lang, ce prix constitue une nouvelle avancée dans sa carrière en tant que chercheuse clinique en oncologie. C’est là qu’elle voit son avenir: «Dans la recherche clinique sur le cancer, c’est d’une part l’aspect scientifique qui me plaît: les approches thérapeutiques se développent à une vitesse folle et, en quelques années, on a accompli des choses incroyables avec le traitement personnalisé. D’autre part, en tant qu’oncologue, j’aide les gens à un moment clé de leur vie, particulièrement fragile. Cela crée un lien émotionnel fort auquel je ne voudrais pas renoncer.»
Le montant du prix est en outre essentiel pour la suite de ses travaux en milieu clinique. «Les moyens financiers pour la recherche fondamentale sont plus faciles à obtenir en Suisse que pour la recherche clinique, explique-t-elle. Le SAKK comble ici un vide en termes de financement, et ce n’est que grâce à lui que l’on peut mener des études cliniques indépendantes dans les hôpitaux.» Avec cette bourse d’un million de CHF, groupe de recherche dispose d’une grande partie du financement pour réaliser concrètement l’étude dans 12 centres en Suisse sous la direction des HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève).
Le Pr Miklos Pless, président du SAKK, est également particulièrement fier: «Je suis absolument ravi de pouvoir remettre le tout premier Network Trial Award à Noémie Lang en tant que jeune chercheuse issue de notre programme de promotioin de la relève Young Oncology Academy du SAKK!»
Dre Noémie Lang, Hôpitaux universitaires de Genève HUG
Dr Benjamin Kasenda, Hôpital universitaire de Bâle
Pr Davide Rossi, Institut oncologique de la Suisse italienne IOSI
Pr Francesco Bertoni, Institute of Oncology Research IOR
L’équipe a bénéficié du soutien du groupe de projet Lymphomes du SAKK.